Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
LIVRE III.


s’avançant vers le Dieu roi de toutes choses, lui dénoncèrent l’inertie générale et la nécessité d’ordonner l’univers. Cette œuvre, nul autre que lui ne pouvait l’accomplir. « Nous te prions, disaient-ils, de considérer ce qui existe déjà et ce qui est nécessaire pour l’avenir. » À ces paroles, le Dieu sourit, et il dit à la nature d’exister. Et sortant de sa voix, le Féminin s’avança dans sa parfaite beauté ; les Dieux avec stupeur contemplaient cette merveille. Et le grand ancêtre, versant un breuvage à la Nature, lui ordonna d’être féconde ; puis, pénétrant tout de ses regards, il cria : « Que le ciel soit la plénitude de toutes choses, et l’air et l’éther. » Dieu dit et cela fut. Mais la Nature, se parlant à elle-même, connut qu’elle ne devait pas transgresser le commandement du père, et s’étant unie au Travail, elle produisit une fille très-belle, qu’elle appela l’Invention, et à laquelle Dieu accorda l’être. Et ayant distingué les formes créées, il les remplit de mystères et en accorda le commandement à l’Invention.

Et ne voulant pas que le monde supérieur fût inerte, il jugea bon de le remplir d’esprits, afin que nulle partie ne restât dans l’immobilité et l’inertie ; et il employa son art sacré à l’accomplissement de son œuvre. Car, prenant en lui-même ce qu’il fallait d’esprit et le mêlant d’un feu intellectuel, il y combina d’autres matières par des voies inconnues. Et ayant