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LE FRISSON DE PARIS




I


Pour arrêter le cocher, qui dépassait la porte, Grégory Sebescù le heurta du pommeau de sa canne entre les deux épaules, suivant la coutume de Bessarabie.

Le cocher, doué du strabisme professionnel, échangea, sans tourner la tête, un coup d’œil d’intelligence avec le valet de pied. Leurs visages glabres exprimèrent une ironie toute parisienne, sans se départir de l’impassibilité anglaise.

À quoi bon, désormais, les subtils compromis imaginés par le carrossier pour donner à ce locatis somptueux et neuf une apparence de voiture de maître ? Malgré les culottes blanches, la livrée de goût personnel, la montre au siège, le coussin et autres objets familiers, ce client d’un jour ne venait-il point de trahir, par son unique geste, exotique et barbare, qu’il n’était ni le propriétaire de cette victoria, ni le maître de ces gens ?