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Page:Hermant, Le Frisson de Paris 1895.djvu/18

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de son long sur le divan. Un peignoir de bain l’enveloppait. Une cuvette d’eau fumante était posée sur lui, en douteux équilibre : il y tenait ses deux mains plongées. Enfin ses jambes nues étaient étendues sur les genoux d’une femme à lunettes, du type : marchande à la toilette, qui lui « faisait les pieds » comme elle eût tiré les cartes.

— Tu vois, dit-il, je me livre pour la dernière fois aux bons soins de Mme Laveuve, avant de quit- ter Paris.

Il sourit, avec une puérilité charmante. Sa séduction était comme la fleur de sa nullité. Il avait un peu d’accent russe.

— Monsieur Sebescù, dit la manucure, j’ai l’honneur de vous saluer.

— Ah ! soupira Grégory en examinant ses propres doigts, j’aurais grand besoin de votre ministère.

— Vous trouverez ma carte avec mon adresse dans mon sac noir, repartit sévèrement Mme La veuve.

Comme certains docteurs, elle était intraitable sur le chapitre des soins gratuits, et elle ne se gênait pas pour rabrouer les amis de ses clients, qui entreprenaient de lui carotter des consultations.

— Je ne puis te donner les mains, reprit Michel : il faut qu’elles cuisent.

Et il rit celle fois de tout son cœur, d’une gaîté