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Page:Hermant, Le Frisson de Paris 1895.djvu/17

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LE FRISSON DE PARIS 3 sans une étrange petite lueur jaune qui veillait dans leur nuit. C’était comme un arrière-regard, qui révélait la duplicité permanente de cet être, qui trahissait l’âme de volonté sournoise, de ruse aiguë, tapie, noyée, au sein du paresseux et voluptueux animal.

Il ouvrit la porte vitrée du bureau d’hôtel à l’ancienne mode, avec le tableau de clefs et les bougeoirs de cuivre sans bobèches. Une jeune fille qui cousait, leva les yeux, et rougit. — Le prince est là-haut ? demanda-t-il d’une voix excédée.

Elle murmura : « Oui. » Il traversa la cour, avec la mélancolie de l’habitude, monta trois étages, et, au palier, frappa, encore du pommeau de sa canne.

—… gory ! dit-il.

— Ah ! toi, tu peux entrer.

Il fit halte, au seuil, ne sachant par où se prati quer un chemin. Un divan, que le prince avait ajouté au mobilier du garni, encombrait déjà, en temps ordinaire, cette chambrette ; et aujourd’hui, l’immense malle ouverte comblait le dernier espace laissé libre, devant la cheminée. Les couvertures, arrachées du lit, faisaient tapis sur ce qu’on aurait pu voir du sol. Des piles de coûteuses lingeries chiffrées surchargeaient le guéridon et les chaises, semant et multipliant les initiales, les couronnes fermées, les armoiries.

Le prince Michel Badisteano était couché tout