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Page:Herold - La Légende de Sainte Liberata, 1889.djvu/30

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La vierge qui verra le paradis fleurir,
N'a pas senti la chaîne rude la meurtrir,
La chaîne qui pénètre en sa chair délicate.


Et, prête à marcher vers les supplices amis,
Comme la frêle Agnès et la saignante Agathe,
Elle rêve, en sa joie, an triomphe promis.


LIBERATA.


Voici qu'en l’impalpable argent des pâles brumes
L’aube vient arracher son manteau noir au ciel ;
Les calices sont prêts et sont emplis de fiel
Et je vais m’abreuver des saintes amertumes.


Jésus, tu m’as bénie et je meurs de ta mort ;
Le bourreau peut entrer, je n'ai peur de personne
Et c’est d’un long frisson d’amour que je frissonne.
Je sens la dent des clous en ma chair qu'elle mord.


Je te crierai, dans la douceur de mes tortures,
Le cri joyeux et fier des hymnes triomphants,
Car, pour montrer la route à tes pieux enfants,
Seigneur, tu m’as élue entre les créatures.