Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/139

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m’échapper. Il vaut mieux que j’agisse par ruse. Pauvres poissons ! Ils sont mal à l’aise dans cet étang à peu près sec. Et là, il y a un autre étang, aux ondes fraîches, où ils nageraient avec volupté ! » Tandis que la grue songeait, grave comme un ascète, un poisson l’aperçut. Il lui demanda : Que fais-tu là, vénérable oiseau ? Tu sembles avoir des méditations profondes. — Je médite, ô poisson, je médite en effet, répondit la grue ; je me demande comment tes frères et toi échapperez à la tristesse de votre sort. — À la tristesse de notre sort ! Que veux-tu dire ? — Vous souffrez dans les eaux trop basses, ô malheureux ! Et, de jour en jour, la chaleur se fait plus forte ; les eaux baisseront encore, et vous, que deviendrez-vous ? Et l’heure viendra où l’étang sera tout à sec. Faudra-t-il donc que vous périssiez ? Pauvres, pauvres poissons ! Je pleure, je pleure sur vous. » Les poissons avaient tous entendu les paroles de la grue, et, maintenant, ils étaient pleins d’effroi. « Que deviendrons-nous, criaient-ils, quand la chaleur aura bu toute l’eau de l’étang ? » Et ils s’adressaient à la grue : « Oiseau, vénérable oiseau, connaîtrais-tu un moyen de nous sauver ? » Elle feignait de réfléchir encore ; enfin, elle leur dit : « J’ai trouvé, je crois, un remède à votre misère. » Tous les poissons l’écoutaient avide-