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Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/140

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ment. Elle continua : « Il y a, ici près, un étang merveilleux ; il est beaucoup plus grand que celui où vous vivez, et les lotus qui le couvrent ont défendu ses eaux de la soif de l’été. Croyez-moi, allez vivre dans cet étang. Je vous prendrai un à un, dans mon bec, je vous porterai jusqu’aux ondes voisines, et vous serez sauvés. » Les poissons allaient accepter avec joie ce que leur proposait la grue, mais une écrevisse s’écria : « Je n’ai jamais rien vu d’aussi singulier. » Les poissons demandèrent à l’écrevisse : « Qu’y a-t-il là pour t’étonner ? — Jamais, répondit l’écrevisse, jamais, depuis l’origine des mondes, je ne sache qu’une grue se soit intéressée à des poissons, sinon pour les manger. » La grue prit un air très humble, et dit : « Quoi, méchante écrevisse, tu me soupçonnes de vouloir tromper de pauvres poissons, que menace une mort cruelle ? Seul, le désir de votre salut m’inspire ; c’est votre bien que je veux. Mais mettez à l’épreuve ma bonne foi. Désignez un des vôtres qui aille dans mon bec jusqu’à l’étang des lotus ; il le verra, il y fera quelques tours, puis je le reprendrai, et je le rapporterai ici. Alors il vous dira ce qu’il faut penser de moi. — Voilà qui est bien, » dirent les poissons. Et ils désignèrent, pour aller à l’étang avec la grue, un vieux poisson qui, bien qu’à demi aveugle, passait