Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/20

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celui-ci est né, qui saura détruire le mal de renaître. Il abandonnera la puissance royale, il vaincra les sens, il comprendra le vrai, et, soleil de science, il brillera dans le monde et anéantira les ténèbres de l’égarement. De la mer du mal, de l’écume des maladies, de la houle de la vieillesse, des flots farouches de la mort, il sauvera le monde qui souffre, et il l’emportera dans la grande barque de la science. Le fleuve rapide, admirable, bienfaisant, le fleuve du devoir, il en connaîtra la source, il en dévoilera le cours, et les vivants, que torture la soif, en viendront boire les eaux. À ceux que la douleur tourmente, à ceux que les sens ont domptés, à ceux qui errent dans la forêt des existences, comme à des voyageurs qui ont perdu la route, il enseignera le chemin du salut. Pour ceux que brûle le feu des passions il sera le nuage qui donne la pluie fraîche ; il marchera vers la prison des désirs, où gémissent les créatures, et il en brisera la porte ténébreuse avec le bélier de la bonne loi. Lui, qui aura toute l’intelligence, saura délivrer le monde. Donc, n’aie aucun chagrin, ô roi. Celui-là seul est à plaindre qui n’entendra pas la voix de ton fils ; et voilà pourquoi je pleure, moi qui, malgré mes austérités, malgré mes méditations, ne connaîtrai pas sa parole et sa loi. Ah, qu’il est misérable, celui-là même qui s’en va dans les plus hauts jardins du ciel ! »