gouverner les peuples risquent de mourir sans avoir régné. La vie humaine se fait de plus en plus courte. La longévité de ton père m’inquiète pour toi. »
Il parla longtemps encore, donnant au prince les plus pernicieux conseils. Et le prince eut la faiblesse de l’écouter. Il résolut de tuer son père.
Jour et nuit, Ajâtaçatrou errait à travers le palais. Il guettait l’instant où il pourrait se glisser dans la chambre de son père et le frapper. Il n’échappa point à la vigilance des gardes. Ils s’étonnèrent de ses allées et venues, et ils dirent au roi Vimbasâra :
« Seigneur, depuis quelque temps, ton fils Ajâtaçatrou a des allures étranges. Ne méditerait-il pas une mauvaise action ?
— Taisez-vous, répondit le roi. Mon fils est trop noble pour songer à des actes vils.
— Tu devrais le mander, seigneur, et l’interroger.
— Taisez-vous, gardes. N’accusez pas mon fils à la légère. »
Les gardes continuèrent leur surveillance et, au bout de quelques jours, ils retournèrent auprès du roi. Et le roi, pour les convaincre d’erreur, fit appeler Ajâtaçatrou.
Le prince tremblait un peu quand il parut devant son père.