« Seigneur, dit-il, que me veux-tu ?
— Mon fils, dit Vimbasâra, mes gardes prétendent que, depuis quelque temps, tu prends des allures singulières. Tu vas dans le palais d’un pas mystérieux, tu évites les regards. Ne mentent-ils point ?
— Ils ne mentent point, mon père, » dit Ajâtaçatrou.
Il eut un vif remords, il se jeta aux pieds du roi, et, plein de honte, il reprit :
« Père, j’ai voulu te tuer. »
Vimbasâra frémit. D’une voix douloureuse, il demanda :
« Pourquoi voulais-tu me tuer ?
— Pour régner.
— Règne donc, s’écria le roi. La royauté ne vaut pas l’inimitié d’un fils. »
Dès le lendemain, Ajâtaçatrou fut proclamé roi.
Il ordonna, d’abord, qu’on rendit de grands honneurs à son père. Mais Devadatta craignait l’autorité du vieux roi. Il s’employa à le desservir.
« Tant que ton père sera libre, disait-il à Ajâtaçatrou, tu seras exposé à perdre le pouvoir. Il a gardé des partisans nombreux, il faut que tu les intimides par des mesures sévères. »
Devadatta reprit tout son empire sur l’esprit d’Ajâtaçatrou, et le triste Vimbasâra fut enfermé