perfection ; mais nous, les hommes, comment pourrons-nous y atteindre ? » Et ils vivront dans un morne désespoir. Ah, qu’ils se taisent, les êtres à l’esprit de ténèbres ! Qu’ils ne tentent point de voler la loi, car ils en feraient le pire usage. Que, plutôt, ils estiment incompréhensible la nature du Bouddha, eux qui ne sauront jamais mesurer ma hauteur ! »
Un berger traversait le champ. Il avait la sérénité des hommes qui accomplissent en paix une tâche heureuse.
« Qui es-tu, berger ? lui demanda le Maître.
— Je m’appelle Dhaniya, répondit le berger.
— Où vas-tu ? demanda le Maître.
— Dans ma demeure, où je retrouverai ma femme et mes enfants.
— Tu sembles, berger, connaître un pur bonheur.
— J’ai fait bouillir mon riz, j’ai trait le lait de mes vaches, dit le berger Dhaniya ; je vis avec les miens au bord de la rivière, ma maison est bien couverte, mon feu est allumé : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel.
— Je suis libre de colère, je suis libre d’entêtement, dit le Maître ; je demeure pour une nuit au bord de la rivière, ma maison est sans toit, le feu des passions est éteint dans mon être : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel.