Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/45

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Le prince jetait au malade des regards de pitié, et il demanda encore :

« Cette disgrâce est-elle particulière à cet homme ? Ou bien la maladie menace-t-elle toutes les créatures ? »

Le cocher reprit :

« Pareille disgrâce, ô prince, peut nous atteindre tous. La maladie écrase le monde. »

En entendant la douloureuse vérité, le prince se mit à trembler comme la lune reflétée dans les vagues de la mer, et il prononça des paroles d’amertume et de pitié :

« Les hommes voient la souffrance et la maladie, et ils ne perdent pas toute confiance en eux-mêmes ! Ah, qu’elle est grande leur science ! Ils vivent sous la menace constante des maladies, et ils peuvent rire, et ils peuvent se réjouir ! Tourne le char, cocher : la promenade est finie. Rentrons au palais. J’ai appris à craindre les maladies, et mon âme, qui repousse les plaisirs, semble se replier sur elle-même, comme une fleur à qui manque la lumière. »

Tout à sa cruelle méditation, il rentra au palais.

Le roi Çouddhodana remarqua l’humeur sombre de son fils. Il s’enquit des raisons qui avaient abrégé les promenades du prince ; le cocher ne les lui cacha point. Le roi eut une grande douleur : il se voyait déjà abandonné de l’enfant qu’il ché-