Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/61

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« Prends ce collier, dit-il, et va trouver mon père. Tu lui diras qu’il ait confiance en moi, et qu’il ne se laisse pas aller au chagrin. Si j’entre dans un ermitage, ce n’est pas que je manque d’affection pour mes amis, ni que je ressente de la colère contre mes ennemis ; ce n’est pas non plus que je désire gagner le ciel. Ma tâche est meilleure ; je détruirai la vieillesse et la mort. Ne te désole donc pas, Chanda, et que mon père ne soit pas triste. J’ai quitté la maison pour me délivrer de la tristesse. La tristesse naît du désir ; l’homme qui se soumet aux passions, voilà celui qu’il faut plaindre. Quand un homme meurt, il se trouve toujours des héritiers de sa fortune, mais des héritiers de sa vertu, il ne s’en trouve guère, il ne s’en trouve pas. Si mon père te dit : « il est parti pour les forêts avant le temps voulu, » tu lui répondras que la pratique de la vertu est toujours de saison, tant la vie est instable. Dis au roi de telles paroles, ô mon ami. Fais en sorte aussi qu’il perde mon souvenir ; affirme-lui que je n’ai ni vertu ni mérite ; on n’aime pas l’homme sans vertu, et qui n’aime pas ne pleure pas. »

Chandaka répondit, les larmes aux yeux :

« Comme ils vont gémir, ceux qui t’aiment ! Tu es beau, tu es jeune, les palais des Dieux devraient être tes demeures, et tu veux t’étendre sur la terre des bois, parmi les herbes dures et