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Page:Hervey - La Famille de Mourtray T1.djvu/42

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ment graduel d’une bouteille solitaire. Aujourd’hui il affectoit d’accueillir avec la plus profonde sensibilité les plaintes du pauvre contre l’opulent ; et demain il grondoit secrètement son cuisinier pour avoir donné à des malheureux quelques restes des mets de la veille. Ainsi sa parcimonie contrarioit ses vues ambitieuses, et rarement il réussissoit à lier sincèrement à ses intérêts ceux qu’il cherchoit à gagner.

Il n’étoit pas plus heureux dans ses efforts pour paroître gracieux et affable ; car quoiqu’il poussât au plus haut degré de perfection le talent de sourire à ceux qu’il détestoit, et qu’il eût pris l’habitude de donner à ses lèvres une contraction qui cherchoit à exprimer la bienveillance, sa hauteur naturelle se laissoit toujours plus ou moins apercevoir en dépit de ses efforts pour la cacher. Il évitoit avec soin de fixer