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AUX FEMMES.

Quant à lui, — car toujours on souffre quand on aime,
C’est la mélancolie, et jamais l’anathème,
Que son âme blessée exhalait autrefois,
Lorsque sa lyre d’or n’était que le hautbois,
Et que le jeune Éros à la flèche perfide
S’envolait, le laissant seul, en sa chambre vide.
Point d’imprécations, ô Femmes, contre vous !
Seulement des sanglots scandant des Vers plus doux.
Oui, sans traiter l’amour « d’exécrable folie »
Resté seul, il excuse, il pardonne, il oublie :

Ô Femmes, aimez donc ce miséricordieux.
Car c’est vous, vous toujours, à toute heure, en tous lieux
Qui fûtes et serez sa plus chère pensée ;
Pitoyable, il relève une femme abaissée
Qui, contre un sort infâme, a longtemps combattu,
Mais comme il sait, Épouse, exalter ta vertu,
Ton honnête sourire et les radieux charmes
Des yeux qui de la honte ont ignoré les larmes !
Comme il fait saluer à ses vers triomphants
La mère au front serein que suivent ses enfants ;
Va ! tu n’auras jamais de plus grand peintre au monde,
Gardienne du foyer, ô vestale féconde !

Mais Celle qu’il aima le plus éperdument,
Dont il fut, dont il est l’incomparable amant,