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présence d’un sentiment excessif de la gloire des enfants de Dieu, qui éclipsait un peu la conscience du péché et de l’indignité de l’homme. Quoi qu’il en soit, le changement d’O. fit beaucoup de sensation, il eut ses partisans, et dans l’état d’exaltation où il se trouvait, ses prédications devinrent encore plus chaleureuses et plus saisissantes qu’auparavant. Une circonstance lui était singulièrement favorable : la doctrine de la justification par la foi, souvent exagérée et mal présentée au sein du réveil religieux vaudois, y avait compromis une doctrine aussi très-importante, celle de la sanctification. C’était donc contre un véritable travers qu’O. prétendait opérer une réaction. N’oublions pas non plus qu’il adoucit, en l’exposant, la doctrine wesleyenne, et que, se plaçant dans une flagrante contradiction avec John Wesley et toute la tendance de son système, il alla jusqu’à conserver la doctrine de la prédestination absolue. Au surplus, pour ce qui le concernait personnellement, il ne prétendit jamais avoir atteint la perfection chrétienne. On n’y arrive pas, pensait-il, dès le moment où la régénération s’opère, mais seulement au bout de plusieurs années. Cependant il tenait, non pas sans inconséquence, à l’explication littérale du passage : « quiconque est né de Dieu, ne pèche point. » (Épître de St.-Jean III, 9).

Si on entend ces paroles dans leur sens le plus prochain et au pied de la lettre, il est clair qu’au moment même où s’opère la nouvelle naissance, on devient exempt de tout péché. Mais cela n’empêcha pas M. O. d’insister beaucoup sur ce que nous devons recevoir en toute simplicité, comme des enfants, les déclarations du St.-Esprit, sans y rien ajouter et sans en rien retrancher. Et comme, d’après l’Apocalypse (XXI, 27), rien d’impur ne peut entrer dans le céleste séjour, la perfec-