Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/41

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geuse des temps ? Il faut bien le penser, quoique Darby n’en dise rien ; cependant l’on serait bien plutôt en droit de s’attendre à ce que, en vue d’un avenir plein de dangers, les Apôtres eussent pourvu l’Église d’une forte organisation. De tendres soins et de miséricordieux ménagements du Seigneur envers l’Église n’avaient même rien de contraire au système de Darby. D’après ce système, en effet, les chrétiens ne sont pas sous la loi mais sous la grâce, et ils ne sont pas, comme les Juifs, accusés d’avoir fait, en acceptant l’alliance, la folie de s’engager à en remplir toutes les conditions.

Il faut convenir que l’impitoyable rigueur que Darby prête à Dieu, n’est conséquente qu’au point de vue juif du salut par les œuvres, et Darby semble en effet retomber involontairement dans ce point de vue, quand il dit sur Rom. XI, 22, que l’économie actuelle repose uniquement sur la persévérance générale et unanime des chrétiens en la bonté de Dieu par l’observation de ses commandements ; d’où il résulte que l’apostasie est fatale et sans remède. En effet, quelle singulière contradiction ! Darby fait aux Juifs un crime de ce qu’ils ont promis à Dieu d’observer sa loi, et il veut maintenant que les chrétiens persévèrent tous comme un seul et même homme dans la bonté de Dieu, c’est-à-dire dans l’observation de ses commandements, sous peine d’être tous retranchés de l’alliance de grâce, « car la bonté de Dieu, dans laquelle l’homme fut placé, est abandonnée par la transgression de l’homme. » (Sur l’apostasie, p. 14.) Dans un autre endroit, il dit que depuis l’apostasie, déjà manifeste et très-étendue au siècle apostolique, ce qui reste de la Parole de Dieu, c’est l’avertissement, ou la menace immédiate d’un retranchement (de l’économie). À ce compte-là, le temps de la grâce serait, on peu dire, expiré.