Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/40

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est donc imputé à tous les chrétiens. L’Église en masse ayant ainsi failli, l’économie devait périr. Étrange doctrine, pour nous surtout qui vivons sous le régime de la grâce ! Et qui est-ce encore qui nous tient ce langage ? Un homme qui veut à tout prix que les disciples de Christ jouissent pleinement de tous leurs privilèges d’héritiers du royaume ! Ce n’est pourtant pas encore ici la plus choquante des contradictions dans lesquelles est tombé Darby. La malédiction qui pèse sur toute l’humanité chrétienne, les âmes demeurées fidèles la subissent en un point : c’est qu’elles ne peuvent plus former d’église ; mais cela ne fait pas obstacle à leur salut individuel. Sans aucune espèce d’organisation ecclésiastique, ne peut-on pas encore s’édifier entre enfants de Dieu ? n’est-on pas encore au bénéfice de la promesse du Seigneur, que « partout où deux ou trois personnes sont assemblées en son nom, il est au milieu d’elles ? » Ainsi la prétendue défense de fonder des églises est un malheur purement illusoire.

L’autre raison d’une altération de l’état normal primitif, c’est le vide que vint faire, dans l’Église chrétienne, le départ des Apôtres ; vide, ou plutôt déchirement, d’autant plus sensible, que les apôtres n’avaient nullement conféré à l’Église le droit de se choisir des ministres ; et qu’ainsi, privée de fait, depuis la disparition des Apôtres et de leurs compagnons d’œuvre, de tout ministère autorisé d’en-haut, l’Église, qui ose néanmoins se donner des ministres, se trouve en état de révolte contre la volonté de Dieu.

Est-ce maintenant l’apostasie des chrétiens qui a porté les Apôtres à les laisser voguer sans pilote sur la mer ora-