Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/97

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le fanatisme a parfois préludé à ses sanglants et tragiques excès. La principale héroïne des horribles scènes dont Wildenspuch fut, il y a vingt ans, le théâtre, Marguerite, nous le tenons de bonne source, avait commencé par reprocher à ses compagnons de réveil qu’ils restaient comme plantés au pied de la croix, au lieu d’aller contempler sur le Tabor Jésus transfiguré, et s’associer, sur le mont des Oliviers, à sa glorieuse ascension. Faisant un pas de plus dans l’égarement, elle trouva qu’elle n’avait plus que faire du secours de l’Écriture Sainte et de la prière. Mais cette chute de son âme eut bientôt pour suite des péchés de la chair ; et c’est le trouble de la conscience, non moins que l’orgueil spirituel, qui a poussé l’infortunée jusqu’au délirant fanatisme de se supplicier. Nous n’allons certes pas jusqu’à dire que le plymouthisme doive nécessairement amener de pareils égarements, surtout dans le Pays de Vaud ; car dans cette contrée-ci le caractère national ne prête pas au fanatisme, comme dans la Suisse orientale, où, déjà du temps de la Réformation, l’anabaptisme se signala par des scènes sanglantes. Mais quand du sein d’un mouvement religieux moins désordonné et bien autrement estimable, tel que l’ancienne dissidence vaudoise, on a vu surgir les extravagances de Lardon et des siens, on peut bien penser que le plymouthisme finira par quelque chose d’étrange.

Mais, ce qui fait présumer qu’en tout cas la nouvelle secte ne tiendra pas là où se déploie maintenant son drapeau, c’est qu’elle n’y est pas indigène. Il en sera de cet Anglais qui voudrait bouleverser l’église vaudoise, comme de tant d’autres étrangers qu’on voit maintenant en Suisse à la tête des mouvements révolutionnaires : toutes ces semences de troubles n’ont pas mal poussé sur le sol helvétique ; cependant le