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MAJOGBÉ.

Je viens de passer une partie de l’après-midi dans la maison de M. Joseph Majogbé dont j’ai fait la connaissance dimanche, à la sortie de la messe où il était venu avec madame Majogbé et ses quatre enfants. Elle est curieuse, cette maison composite, mi-nègre, mi-européenne. Dans la cour, les magasins à amandes, des trous d’huile, des tonneaux. Puis une sorte d’atrium à colonnes ; arcades, peintures blanches à ornements bleus ; des carreaux rouges. Un salon aux meubles de bambou ; une table recouverte d’un tapis arlequiné ; aux murs, des chromolithographies représentant la tour Eiffel, le Pape, Sadi Carnot et the Queen Victoria. Une salle à manger, avec une table longue ; des sièges en rotin ; des assiettes peintes contre les murs blancs. Dans le cabinet de travail, un bureau ministre en acajou ; une bibliothèque pour le Dictionnaire des dictionnaires de l’abbé Guérin et les Œuvres complètes de Bossuet. Je regrette de ne pas avoir pu jeter un coup d’œil dans les autres pièces.

M. Joseph Majogbé, qui gagne beaucoup d’argent dans les huiles, est un personnage. Il est beau,