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MAJOGBÉ.

grand, bien fait, avec une tête noire expressive, aux traits réguliers. Il porte avec élégance un pyjama de nuances tendres.

Il appelle madame Majogbé. Madame Majogbé est très forte. Il lui reste de très beaux yeux. Des yeux d’enfant. Elle a le visage et le corps d’une matrone. Sa robe d’indienne laisse deviner, à la taille, des plis, des bourrelets de chair comprimée.

Nous avons causé commerce, politique. M. Majogbé m’a donné des renseignements du plus haut intérêt. Il parle moins volontiers des mœurs indigènes. Il a oublié, dit-il, toutes ces superstitions. Il est catholique romain et pratiquant. Il enverra son plus jeune fils étudier à Paris lorsque les Pères de la Mission ne pourront plus rien lui apprendre.

Pendant que nous causions, il a appelé Adamou. C’est un vieux bonhomme en pagne, très vieux, si vieux qu’il n’a plus d’âge. Il est venu nous servir une bouteille de vin de France, du champagne. M. Majogbé me fait observer qu’il reçoit directement ce vin, sans intermédiaire ; il tient à la marque.

Je lui demande des renseignements sur les chemins de l’intérieur, où je vais m’engager, sur la route d’Aké…

— De mauvais chemins, me dit-il, vous ne passerez probablement pas. Vous trouverez aussi des noirs qui sont encore très sauvages. N’y allez pas.

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Le vieil Adamou est venu chez moi m’apporter