Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
15
MAJOGBÉ.

ancien tremble… devant un enfant ! Laissez donc ces vaines terreurs à ceux qui comptent déjà les sacs de cauris que l’on dépensera pour leurs funérailles. Majogbé est à moi. Il est mon esclave. Si vous le tuez, c’est la guerre avec moi… et rappelez-vous que Kosioko était bien puissant.

Maté se soumit. Il sentait cependant toujours sur son front la brûlure du regard de l’enfant.

Mais pendant que ces hommes discutaient sa destinée, Majogbé avait disparu.

— Il n’a point passé par la porte !

— Il n’y a point d’autre issue !

— Oro l’a enlevé, dit Maté.

Ce fut une grande dispute avec Elado.

— Si Oro a emporté l’enfant, tu seras toi-même emporté avant la prochaine lune. Je te préviens. Cherche. Veille bien. Si Oro ne me rapporte pas Majogbé, il sera temps de dire à tes femmes de cuire le pitou des pleureurs.

Pendant trois nuits et trois jours le corps de Kosioko demeura exposé sur la place d’Aké. Les vautours, les chiens et les bêtes qui mangent les choses immondes respectèrent ce cadavre. Plusieurs hommes croyaient qu’un sort protégeait l’ancien maître des chemins, et ils avaient peur. Ils