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MAJOGBÉ.

serait raidi, ou bien, à bout de forces, aurait rusé. Mais, dès qu’il sentit les lanières de cuir sur ses épaules, Majogbé cria en pleurant :

— Pardon, maître, tu avais bien dit la vérité, je mentais, mais pardon ! J’avais peur de Maté, il me tuera si je ne mens pas !

Et le maître demeura perplexe. L’enfant était aussi fort que lui.

Une petite fille passait. Il l’appela :

— Banyane ! et il lui dit : « Majogbé est de la maison. Conduis-le près des femmes pour qu’elles lui donnent à manger. »

Banyane était une jolie gamine rieuse, du même âge que Majogbé. Les deux enfants se prirent par la main et, gais, s’en allèrent du côté où les femmes cuisaient les ignames.

Majogbé n’attendit pas longtemps une première vengeance.

Elado avait rassemblé plusieurs chefs avec une partie des Ogbonis et tenait un grand conseil dans sa maison. L’enfant était assis près de lui. Après les salutations innombrables et la longue série de formules préparatoires à tout discours, après les invocations aux génies de la vérité, Elado parla ainsi :