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MAJOGBÉ.

cependant s’empêcher de répéter à tout propos que ect enfant serait leur perte. Elado riait.

— Majogbé est aujourd’hui mon fils. Lui-méme l’affirme ; il s’est battu parce qu’on l’appelait esclave d’une autre case. Lorsque je sors à cheval, il se dispute pour porter mon sabre. L’enfant a déjà oublié ; d’ailleurs, il est un des amis du dieu qui l’a tiré autrefois de tes griffes. Il porte le bonheur avec lui, il a déjà été pour moi l’occasion de réussites et de prospérités. Il est un heureux fétiche mis par les dieux dans ma maison.

Mais Maté, obstiné comme tous les vieillards, songeait aux trois Ogbonis : Sigo, Ogutoë, Agbaki, et il disait ::

— Cet enfant n’a pas été mis chez toi comme fétiche du bonheur, mais comme fétiche de mort.

— Pour les autres, et c’est tant mieux !