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MAJOGBÉ.

de Dieu plus fort qu’Oranyan ou Chango, étaient aussi aimés par la jeunesse, que séduisaient les nouveautés. Fuluani recherchait beaucoup les jeunes hommes. Pour eux, il trouvait des paroles dorées pleines de promesses et d’attirances. Auprès de ses marchands, de ses artisans, de ses bons ouvriers du cuir, sur la véranda de son temple, il y avait toujours des nattes et des peaux de bœuf où les jeunes gens pouvaient se reposer et bavarder. Chaque jour, il tenait un cercle aristocratique. Il y attirait Majogbé, l’esclave favori d’Elado, l’homme de confiance qui devait, pensait-il, continuer un jour aux siens la protection du chef.

Majoghé avait de riches habits. Il aimait le luxe du vêtement et faisait parade de sa prestance de bel adolescent dans une tunique large à taille pincée. Il ne lui déplaisait point de venir causer devant le temple de Fuluani, où se trouvaient toujours les hommes dont les vêtements étaient les plus beaux. Il s’entretenait aussi avec les brodeurs qui, de pays très lointains, avaient apporté l’art de faire sur les pagnes et au bas des sokotos, en fils de belles couleurs, des ornements dont le secret échappait aux femmes du Yorouba. Il était aussi curieux de détails sur les contrées vues par ces hommes. Quelques-uns parlaient de villes très grandes et très belles, dont les rois étaient des hommes jaunes, où il y avait pour les dieux des temples remplis de richesses telles qu’un homme noir du Yorouba ne