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MAJOGBÉ.

saurait les imaginer, des métaux et des pierres, dont une seule pincée avait la même valeur que des montagnes de trésors chez les gens d’Aké. Les jeuncs hommes avaient peine à croire cela, et ils trouvaient, pour répondre aux narrateurs, de bien ironiques « je comprends ». Une pincée de petites picrres valant plus qu’une montagne de maïs, qu’une rivière d’huile, que des milliers et des milliers de sacs ! Il fallait que le vieux Fuluani insistât et dit que bien réellement cela était vrai et que seuls les rois des hommes jaunes, ceux qui descendaient des favoris de Dieu, ceux qui commandaient à des armécs de cavaliers innombrables, dont les sabres et les lances étaient invincibles, que seuls ces rois, vêtus d’étoffes merveilleuses, plus belles que celles des blancs, possédaient ces richesses divines. Eux, pauvres Filanis, misérables Gambaris, jamais ils ne pouvaient rêver la jouissance de la moindre parcelle de pierres semblables. Mais ils savaient qu’elles existaient. Des hommes très saints de chez eux les avaicnt vues. Cela était aussi vrai que l’excellence de leur dieu et que la supériorité de leurs tyras.

L’excellence de leur dicu, voilà ce que le vieux Fuluani aurait bien voulu persuader à ce jeune Majogbé, qui toujours écoutait, interrogeait, mais ne savait jamais répondre que « je comprends ». Malgré sa patience rusée, Fuluani s’irritait quelquefois.

— Tu comprends, tu comprends ! Je sais hicen