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MAJOGBÉ.

il regagna en sa compagnie la maison du port.

— Tu me racontes que ce Père nous apporte la vérité. Il m’a enseigné des choses qui sont bonnes… et que j’avais entendues déjà. Mais il a dit des choses que je n’avais jamais entendues et qui sont mauvaises. Ne pas se venger, ne pas punir. Non ! Cela ne peut être la volonté d’Olodumare, des génies.

— Il n’y a pas de génies. Il y a un seul Dieu, Oloron et son fils Ieju !

— Soit. Mais ils ne peuvent défendre la vengeance.

— Si. D’ailleurs, ajoutait Adamou, est-ce que les hommes ne l’oublient pas aussi, la vengeance ? Est-ce qu’ils ne trouvent pas souvent qu’elle est une charge trop pesante ? Toi, tu ne te rappelles plus le nom de ton père, et tu es devenu le fils de celui qui l’a tué. Oloron ne demande même pas tant que cela.

— Tais-toi !

Adamou revint à Aké sur une pirogue de Majogbé.

L’arrivée dans la maison d’Elado fut très belle et très joyeuse. Tous furent contents. Majogbé ne s’était pas laissé voler par les marchands blancs ; il rapportait beaucoup plus de belles choses que les anciens messagers.

Il y eut un grand concours d’amis et de gens