Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/9

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I

— Oro ! Oro !

Le dieu terrible, le dieu des vengeances, le dieu des supplices, le dieu de la mort fait entendre ses lugubres sifflements sur la ville.

Le marché se vide. Les femmes abandonnent leurs couffins pleins d’herbes, de viandes, de poissons, de cauris. Elles fuient. Elles bondissent avec des cris. Elles sautent, les bras en avant, par-dessus les tas d’ignames et les corbeilles de maïs. Elles perdent leurs turbans, leurs pagnes. Elles vont nues. Elles entendent Oro. Elles hurlent. Elles cherchent une porte qui s’ouvre, une case qui les accepte. C’est une volée de poules apeurées.

Le dieu siffle la mort. Elles doivent se cacher ou mourir. Elles ne veulent pas mourir.

Des hommes courent, les yeux luisants. Ils ont le bâton casse-têtes, le sabre et le couteau. Ils répondent à l’appel du dieu des tueries. Ils se pré-