cipitent. Une vieille à voulu prendre ses cauris avant de fuir. Elle est vue. Elle tombe éventrée. La colère du dieu passe. Une vierge, une enfant s’est cachée tremblante sous un amoncellement de nattes. Elle est devinée. On la brise. IL ne faut pas qu’une femelle puisse dire qu’elle a vu Oro !
Les sifflements augmentent. De toutes parts, ils arrivent, montent, se croisent, coupants, déchirants, sourds, aigus. On dirait les pleurs, les imprécations des génies de la tempête, les vents acharnés contre les feuillages de la forêt, les nuits où Chango se fâche. Mais le ciel est pur, tranquille et bleu. Les appels d’Oro ne le troublent point. Le dieu ne règne pas sur les éléments. Il a sur terre le cœur des hommes qui s’affolent aussitôt que ses prêtres sortent et que virent, éperdus, les longs fouets sacrés, dont les mèches de bois troués arrachent aux airs les redoutables signaux.
Par tous les sentiers des troupes de guerriers, de marchands, de vieillards, d’enfants et d’esclaves roulent. Ils s’appellent ; ils s’excitent, et, rapides, oublieux des cailloux et des épines qui déchirent les pieds, ils arrivent devant la case des Ogbonis d’Aké. Ils s’entassent autour des bombax géants et des orangers fétiches qui montent leurs troncs maigres sur la grande place au sol poussiéreux, sarclé, raclé par la dent des chèvres et le sabot des chevaux.
Des cris, des remous dans cette végétation