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II


Qu’il Nous soit au moins permis, après l’éminent et sympathique Gouverneur de la Guadeloupe, de déposer sur la nouvelle nécropole notre souvenir le plus ému. Ô mélange informe de tant de corps calcinés ! Ô égalité suprême cruellement ironique !!! Oui Nous Nous inclinons vers vous, innombrables disparus, chef honorable du Gouvernement de l’île-Sœur, fonctionnaires de tous les services et de tous les degrés, officiers de notre armée, soldats pleins de jeunesse, familles de tous les rangs, artisans obscurs…

Mais qui pourrait Nous reprocher d’évoquer plus particulièrement la mémoire bénie des onze Prêtres du clergé martiniquais, des quatorze Pères de la congrégation du Saint-Esprit, des trente-trois religieuses de Saint-Joseph de Cluny, des vingt-huit sœurs hospitalières de Saint-Paul de Chartres, et des huit religieuses de la Délivrance, qui gisent pêle-mêle dans cet amas de cadavres ? À tous ceux qui ne sont plus : paix et repos dans le Seigneur !!!

Mais à ceux qui restent : énergie et courage !

Nous avons voulu offrir sans retard à la Colonie si éprouvée le tribut de notre affection, et, dès la première heure, Nous avons député vers elle deux prêtres à l’âme généreuse et au cœur élevé : M. l’abbé Duval, notre Vicaire général, et M. l’abbé Amieux, Archiprêtre de notre Cathédrale. L’arrivée de nos envoyés, Nous le savons déjà, a vivement touché le clergé, les communautés et les familles de la Martinique, et tous deux ont pu prendre la parole dans la belle cathédrale de Fort-de-France, à la grande consolation des fidèles accourus de toutes parts. Le distingué et pieux administrateur qui, en l’absence du vénérable Mgr de Cormont, actuellement en France, porte le poids du Diocèse, a bien voulu Nous donner lui-même cette assurance, par une lettre qui exhale un parfum suave de sincérité, et que Nous vous communiquons :