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d’assurer que ces oiseaux ne s’attaquaient qu’aux parties malades, les seules qui puissent servir d’abri aux destructeurs innombrables qui rongent le bois. C’est donc faire œuvre pie que de protéger ces auxiliaires, et une loi en interdit la destruction en tout temps.

André Philipon.
KSOUR ET OASIS[1]

CHEVAUCHÉES D’UN FUTUR SAINT-CYRIEN À TRAVERS LE SUD-ORANAIS

« Si Hamza éluda ses engagements antérieurs sous divers prétextes, mais en réalité parce qu’avec ce flair tout spécial aux indigènes, nos maîtres en fait de courtisaneries, il avait compris que Palat, malgré ses subventions, n’était point persona grata dans le monde officiel[2] et que, par conséquent il y avait peu à gagner pour qui lui serait agréable.

« Tant de retards, tant de difficultés, dès le début, indices presque certains d’un échec ultérieur, eussent dû détourner le malheureux de pousser plus avant son entreprise. Il persista.

« Le 17 octobre il partit pour Brézina, pensant de là suivre l’oued Seggueur, atteindre El Goléa et se diriger sur le Gourara. Outre son convoi, il n’emmenait qu’un interprète avec lui et un cuisinier nègre du nom de Ferradji.

« — Pars, lui avait dit Si Hamza ; je te rejoindrai à Brézina. »

« Mais il ne le rejoignit point, se contentant d’envoyer à sa place un de ses cousins, personnage de nulle importance.

« — Je ne puis venir comme je l’avais espéré, faisait-il dire ; mon cousin me remplacera jusqu’au Gourara. Là tu trouveras mon oncle, Si Kaddour, prêt à te suivre au Touat et au Tidikelt… »

« Au rendez-vous, fixé pour le 12 décembre, pas de Si Kaddour. « — Sans doute un retard », se dit Palat, qui, jugeant le marabout indispensable à la réussite de ses projets, ralentit sa marche en l’attendant, et traîne d’un village à l’autre, rançonné par tous, un peu moins pourtant que ne le rançonnait son compagnon et protecteur, cousin de Si Hamza.

« Cependant, des nouvelles arrivent : Si Kaddour est en route, son approche est signalée, tel jour on le verra. L’espoir, à cette nouvelle, renaît, les tracas sont oubliés.

« On marche à sa rencontre ; le voici ; c’est lui enfin, au milieu de ces flots de poussière soulevée. Le nuage s’arrête soudain, et il en sort… le fils de Si Kaddour avec quelques cavaliers. De graves occupations ont empêché son père de satisfaire le désir de Si Hamza. Quelle déception ! Malgré tout, le sort en est jeté : impossible de reculer après avoir autant avancé ; faute de Si Kaddour, on se contentera de Si Mohammed, et : En avant quand même !

« Palat se remet donc en marche. De ce jour — 25 janvier — il n’a plus donné de ses nouvelles : ce qu’on sait de lui, on le tient de son nègre Ferradji.

« Ses rapports avec Si Mohammed étaient excellents ; la suite du voyage s’annonçait des meilleures, lorsque l’on approcha de Deldoul, refuge de Bou Amama, l’agitateur, depuis la fin de son insurrection de 1881[3]. Sous le prétexte de divisions qui séparent les Oulad

  1. Voir les nos 180 et suivants.
  2. Le projet de Palat était, à bon droit, jugé irréalisable avec les ressources dont il disposait.
  3. Bou Amama est venu s’installer à Figuig, depuis cette époque ; il s’en est éloigné lors de l’approche de la commission de délimitation franco-marocaine, au commencement de 1902.