Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en coupe les branches, on les dépouille de leur écorce qui, en se séchant, se roule en petits tuyaux d’un brun jaunâtre, lesquels, sous cette forme, sont livrés dans le commerce. Les branches repoussent, et, au bout de quelques années, nouvelle récolte.

La cannelle est tonique, excitante, essentiellement cordiale et constitue un stomachique du plus fréquent usage. Elle entre dans nombre de médicaments employés contre les maladies de langueur. C’est un des aromates que les parfumeurs utilisent le plus généralement. Les Égyptiens l’employaient autrefois pour l’embaumement des corps.

Un autre laurier célèbre est le laurier-camphrier, grand et bel arbre qui croit en Chine et au Japon. C’est dans le tissu ligneux de ce précieux végétal que se trouve contenue l’essence concrète, appelée camphre, dont nous avons déjà parlé dans la Plante bienfaitrice.

Les Grecs et les Romains n’ont pas connu cette substance. Ce sont les Arabes qui l’appelèrent Kamphur (d’où provient évidemment notre mot camphre) et, les premiers, le mentionnèrent dans leurs ouvrages, il y a quelques centaines d’années. Ce médicament administré à hautes doses est un excitant d’une certaine énergie, mais en doses minimes, il est au contraire employé comme un sédatif. D’une façon générale, nous l’avons dit ailleurs, il est considéré comme antiseptique puissant, vermifuge et antimicrobien de premier ordre.

Le laurier-cerise est un bel arbre originaire de l’Asie Mineure, d’où il fut importé en Europe au xvie siècle. Ses feuilles ovales, fermes et coriaces, sont d’un beau vert luisant, vernissé, et ses fleurs blanches exhalent une douce odeur ; mais l’amande, que renferme le noyau de ses fruits, fournit à l’analyse une quantité notable d’acide prussique, poison violent et redoutable, même en très minimes doses. Aussi, alors que l’on se sert des feuilles de cet arbre suspect pour aromatiser les laitages, auxquels elles donnent un excellent goût d’amande, faut-il ne jamais mettre plus de deux feuilles par litre de lait.

Un dernier mot sur le laurier-rose, superbe arbuste dont les fleurs élégantes varient du blanc rosé au rose le plus vif. On le croit originaire du Levant ou de la Barbarie. Quoi qu’il en soit, il pousse spontanément sur le bord des eaux en Espagne, dans le midi de la France, dans nos parterres, surtout, dont il est l’ornement et la gloire, en Italie, en Grèce, particulièrement, où, sur les rives de l’Eurotas, petit fleuve de Laconie, il forme, non loin de Sparte, d’admirables bosquets où il s’associe à des touffes de myrtes et à des plantations d’oliviers. C’était le séjour favori des nymphes antiques qu’adoraient tous les Grecs, y compris les rudes Spartiates, eux-mêmes, alors que leurs éternelles expéditions guerrières leur laissaient quelques rares loisirs.


L’Aconit Napel, vulgairement appelé capuchon de moine et Tue-chien, appartient à la famille des renonculacées. C’est une belle plante, mais d’aspect quelque peu sinistre, dont les fleurs, d’un bleu foncé, s’arrondissent en casque et s’agglomèrent en épis. C’est en touffes énormes qu’on la trouvait autrefois, près d’Héraclée, dans le Pont, aux abords de la célèbre caverne par laquelle Hercule, disait-on, était descendu aux enfers. Il n’en fallait pas davantage pour qu’une fable surgît de l’aventure, et c’est pourquoi les poètes crurent pouvoir affirmer que l’aconit n’était rien moins que le produit, sous forme végétale, de l’écume que vomit Cerbère, alors qu’Hercule, le prenant à la gorge qu’il serra de sa poigne formidable, l’arracha de l’empire des morts. L’on ne s’arrête guère quand on est en si belle voie d’invention, aussi sont-ce les mêmes poètes qui déclarèrent que l’aconit fut le principal ingrédient des terribles poisons que composait avec une infernale habileté la magicienne Médée. Ajoutons encore que c’était dans le suc de l’aconit, dont la réputation d’empoi-