Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/459

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
BOURSES DE VOYAGE

ni des cyclones qui désolent si fréquemment ces parages.

C’était dans cette dernière ville qu’était né, dix-huit ans auparavant, John Howard, le quatrième lauréat du concours, et il allait retrouver une cité en voie d’agrandissement, dont l’avenir fera un important centre de commerce.

Ce fut un dimanche que les passagers mirent pied sur la Dominique et, s’ils l’eussent fait le 3 novembre, c’eut été l’anniversaire de sa découverte par Christophe Colomb en 1493.

Le célèbre navigateur l’avait nommée Dominique en l’honneur de ce jour sanctifié à bord de ses caravelles.

La Ville-des-Roseaux (Cliché Algernon E. Aspinall.)

La Dominique forme une importante colonie anglaise, puisqu’elle comprend sept cent cinquante-quatre kilomètres superficiels. Actuellement, elle est peuplée de trente mille habitants, qui ont remplacé les Caraïbes du temps de la conquête. Tout d’abord, les Espagnols ne cherchèrent point à s’y établir, bien que les vallées de l’île fussent fertiles, les eaux excellentes, les forêts riches en bois de construction. De même que ses sœurs des Indes occidentales, la Dominique a successivement passé aux mains de diverses puissances européennes. Elle fut française, au début du xviie siècle. Les premiers colons y introduisirent la culture du café et du coton, et, en 1622, leur nombre était de trois cent quarante-neuf, auxquels s’ajoutaient trois cent trente-huit esclaves d’origine africaine.

Au début, les Français vécurent en bonne intelligence avec les Caraïbes, dont le total ne dépassait pas un millier. Ces indigènes provenaient d’une race forte, laborieuse, non point celle des Peaux-Rouges, mais plutôt celle des Indiens qui peuplèrent les Guyanes et ces régions septentrionales de l’Amérique du Sud.

Il est à remarquer que, dans tout l’archipel antilian, la langue que parlent les femmes n’est pas absolument identique à celle dont se servent les hommes. Ce sont deux idiomes dont l’un est, pour la partie féminine, l’aronaque, et l’autre, pour la partie masculine, le galibe. Ces indigènes, cruels et inhospitaliers, bien que possédant certaines notions religieuses, ont laissé une réputation de cannibalisme trop justifiée, et, peut-être, ce nom de Caraïbe est-il synonyme d’anthropophage. Cela ne