Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/569

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Il sentait ses oreilles s’emplir de bourdonnements ; depuis quelques heures la faiblesse avait augmenté ; ses jambes engourdies lui refusaient tout service. En quel état le sortirait-on de la mine, à admettre qu’il fut encore vivant lorsqu’un passage serait ouvert ?

« Hervé, prononça-t-il, si elle dit oui, je vous la donne… Et, si je ne devais pas la revoir, aimez-la pour nous deux. Je vous confie ma pauvre femme…

— Vous parlez comme un homme qui est près de mourir », interrompit de Kosen, dont la voix s’altéra en dépit de ses efforts pour lui garder des intonations gaies ; la gaieté étant d’autant plus commandée, selon lui, que la situation était plus grave.

« C’est que je suis blessé très grièvement, blessé aux deux jambes, à la gauche surtout. Et puis… »

Hervé prêta vainement l’oreille : la fin de la phrase ne vint pas.

« Votre oncle s’est évanoui, monsieur », annonça Volchow.

Il ajouta :

« Trop d’émotions. Il reviendra à lui bientôt. »

La parole était maintenant à l’instrument que maniait le mineur avec une adresse extrême.

Accroupi à côté du travailleur, Hervé retomba dans sa songerie sans presque en avoir conscience.

(La suite prochainement.) P. Perrault.