marre, et de s’affaler dans le canot, sans faire un faux mouvement et sans bruit.
Au moment où il sortait de sa cabine, la pensée vint à M. Patterson d’emporter la sacoche qui contenait les sept cents livres de Mrs Kethlen Seymour ainsi que le carnet sur lequel il inscrivait les dépenses du voyage, et qui trouvèrent place dans les vastes poches de la redingote.
« Qui aurait jamais cru cela de ce capitaine Paxton !… » se répétait-il.
Le capitaine Paxton et Harry Markel s’identifiaient encore dans sa pensée, et il n’était pas parvenu à dédoubler ces deux êtres qui se ressemblaient si peu !…
Il ne fallait pas compter sur la souplesse ou l’adresse du mentor. On dut l’aider tandis qu’il glissait le long de l’amarre. Toute la crainte de Will Mitz était qu’il ne vînt tomber lourdement au fond du canot, ce qui aurait pu éveiller l’attention du matelot de quart, si gris qu’il fût…
Enfin M. Patterson atteignit du pied l’un des bancs, et Axel Wickborn le soutint par le bras pour l’aider à gagner l’arrière.
Ce fut alors le tour de Louis Clodion, qui s’assura une dernière fois que le sommeil d’Harry Markel n’avait point été interrompu, et que tout était tranquille à bord.
Après lui, Will Mitz franchit la fenêtre, et s’affala en un instant. Pour ne point perdre de temps à défaire le nœud de l’amarre, il prit son couteau et la coupa, laissant un bout de quatre à cinq pieds pendre du haut du couronnement.
L’embarcation s’éloigna de l’Alert.
Will Mitz et ses compagnons parviendraient-ils à se réfugier à bord du navire ?… Le retrouveraient-ils au milieu de cette brumeuse obscurité, avant que le soleil eût reparu sur l’horizon ?… Serait-il là, d’ailleurs, et la brise n’allait-elle pas se lever, qui lui permettrait de faire route ?…
En tout cas, si les passagers échappaient au sort que leur réservaient Harry Markel et ses complices, ce serait à Will Mitz qu’ils le devraient, et aussi à Mrs Kethlen Seymour, qui lui avait obtenu passage sur l’Alert !
(La suite prochainement.)
CHARLES LE HARDI, duc de Bourgogne ;
Le sire de GRUTHUSE, gouverneur de Zélande ;
JACQUELINE, vieille bûcheronne.
Scène PREMIÈRE
Gruthuse, qui a ouvert la porte et s’efface pour laisser passer le duc. — Entrons ici, monseigneur, nous y serons à l’abri et la chasse nous y rejoindra.
Charles, ôtant son manteau ruisselant. — Quel temps ! il pleut donc toujours en Zélande ?
Gruthuse. — Toujours, non, monseigneur, mais souvent. (Il prend le manteau du duc, le secoue et va le suspendre à un clou du mur. Il fait de même pour le sien.)
Charles. — Où sont les maîtres du logis ? On ne voit personne.
Gruthuse. — La mère Jacqueline est sans doute à ramasser du bois mort. Le mauvais temps va la ramener.