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JOCK ET SES AMIS

seur de Si el Hadj ed Dine, en même temps que les tombeaux de deux autres de ses ancêtres.

Si ben ed Dine, fort égoïstement, ne s’était préoccupé que d’honorables marabouts de sa propre famille, sans même songer à Si bou Tkhill, qui, cependant, grâce à Sidi Cheikh, avait trouvé aux Arbaouat un refuge pour sa veillesse extrême.

Dédaigné de son vivant, le pauvre ermite d’El Abiod était encore oublié après sa mort. Une telle injure lui sembla trop cruelle ; elle empoisonna le bonheur dont il jouissait au paradis de Mahomet. Si bien que, reprenant sa forme humaine, il apparut à Si ben ed Dine et lui fit les reproches les plus vifs sur son manque d’égards.

Si ben ed Dine n’était pas un mauvais homme ; il avait péché sans préméditation. Il s’empressa donc, pour être agréable à Bou Tkhill, de faire élever, au-dessus de sa tombe, la quatrième des koubbas qui, encore aujourd’hui, protègent les deux ksour.

Malgré les liens qui les unissaient autrefois aux Oulad Sidi Cheikh, les gens des Arbaouat ne subissent plus guère l’influence des descendants de leur fondateur ; ils en furent même, à plus d’une reprise, les adversaires.

Le caïd actuel est un jeune homme. Il y a peu d’années seulement que son père se démit en sa faveur. Prévenus de notre arrivée par un envoyé de Slimane, ils s’étaient avancés tous deux à notre rencontre. Le vieux portait fièrement, piquée sur le côté gauche du burnous, la croix de la Légion d’honneur. D’apparence vigoureuse, malgré ses cheveux blancs, il présentait cette particularité curieuse que son profil ressemble étonnamment à celui de Henri IV. Ce fut un courageux et fidèle serviteur de la France pour laquelle il a combattu à plus d’une reprise. Il montrait avec quelque fierté un sabre d’honneur que lui donna, en 1871, le Gouverneur général, en récompense de services rendus. Deux ans après, ce fut un fusil d’honneur qu’il obtint.

« Henri IV », comme on l’appelait par plaisanterie à Géryville, et son fils nous accueillirent hospitalièrement. Ils insistèrent ensuite fortement pour nous faire accepter la diffa, le soir, à Aïn Khorima. Nous avons refusé, nous réjouissant de manger de notre cuisine.

Au départ, adieux émus au doux Slimane et remerciements ; il se charge de nous faire parvenir le jour même, à notre gîte, la peau du mouflon tué par M. Naimon. Peut-être même nous l’apportera-t-il lui même si le bruit qui court d’une convocation immédiate des caïds, à Géryville, est fondé…

Retour dans l’alfa pour tout de bon ; l’alfa ! presque de la verdure, comparé aux plantes sahariennes.

(La suite prochainement.) Michel Antar.

JOCK ET SES AMIS
Par A. DECKER, d’après E. HOHLER

VIII

L’héritage de Jock.


« Jock, prononça Mme Pole, je viens de recevoir des nouvelles qui te concernent. Et d’abord, tu seras peiné d’apprendre que ton vieil oncle, M. Grimshaw, est mort.

— Mort !… haleta Jock interdit. Puis, comprenant tout le sens de ce mot, il éclata en sanglots.

— Mon cher enfant, je ne pensais pas que cet événement te serait si pénible ; sans cela, j’aurais apporté plus de ménagements à te