Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/699

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sa résolution devenait forte… Il suivrait le conseil de Molly, irait voir M. Harrison et essayerait de disputer Beggarmoor avant que l’héritage lui fut définitivement enlevé… Mais, pour cela, il fallait mécontenter sa mère et partir sans qu’elle en sût rien.

Aurait-il assez d’argent pour faire la route ? Il avait entendu dire à sa mère que le voyage était fort coûteux.

« Peu importe ! dit-il ; il faut que je parte, quand bien même je devrais faire à pied une partie du chemin. J’ai promis de prendre soin de maman ; si, à Beggarmoor, il y a un trésor caché, je saurai le trouver pour elle. Tramp et moi, nous partirons demain avant que personne soit réveillé dans la maison ; j’ai fait mon plan, je ne veux pas être un lâche. »

Jock, oubliant de dîner, ne rentra qu’à l’heure du coucher, ayant combiné à loisir son voyage en ses moindres détails. La décision était bien arrêtée, son plan tout tracé. De douces espérances vinrent même le fortifier. S’il pouvait découvrir le trésor de Beggarmoor, sa mère comprendrait, sans doute, combien grand était son désir de la protéger et de lui venir en aide ; elle arriverait même à avoir confiance en son fils et ne l’entraverait plus dans l’accomplissement de sa mission.

Ce fut, l’esprit rempli de ces heureuses pensées, que Jock s’endormit ce soir-là.

Le lendemain, il s’était levé de très bonne heure. Il avait monté le réveille-matin pour être debout en temps comme pour son dernier voyage. On était à l’automne ; aussi, faisait-il encore noir quand Jock regarda au dehors. Pas de déjeuner prêt. Après avoir cherché longtemps à tâtons dans l’office, au risque de réveiller tout le monde, en laissant tomber sur les dalles un plat qui fit un bruit épouvantable, le pauvre enfant réussit à trouver seulement un peu de lait froid et un croûton de pain sec. Puis, sans bruit, il ouvrit la porte de derrière et gagna le hangar où Tramp passait la nuit.

L’accueil du chien fut tout joyeux ; il n’aurait pas manqué d’aboyer s’il n’en avait été vivement empêché par son jeune maître. Jock, l’ayant obligé au silence, descendit d’un pas alerte et déterminé le sentier qui conduisait au village.

Le soleil se montrait, mais l’air demeurait froid, et dans les chaumières devant lesquelles passait Jock pas un être n’était encore levé.

Parvenu près de la petite gare, Jock s’aperçut que le train était déjà signalé. Comme des