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Et le fait est que le bonhomme avait les joues roses, les yeux brillants !…

« Je voudrais remercier ceux qui ont pris soin de toi ! dit enfin M. de Hanteillan.

— Le résinier est resté chez lui, papa, mais ses enfants sont là, dans la charrette à mules. »

On courut sur la route : la charrette avait discrètement disparu.

« Le petit monsieur n’a plus besoin de nous, avait dit Véronique. Ne manquons pas l’école. Nous serions punis ! »

V

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Riquet n’est plus reconnaissable : il trouve bon tout ce qu’on lui sert ; il ne gémit plus sur la cruelle nécessité de se lever à sept heures du matin ; il apprend ses leçons avec beaucoup de conscience ; à l’heure de la récréation, il joue et court tout à l’aise, en blouse de coutil, les pieds dans de gros souliers, et il n’a plus le désir de faire l’école buissonnière…

Si parfois son vieux lui-même remonte à la surface — Paris ne s’est pas bâti en un jour ! — son papa se contente de dire, un sourire aux lèvres :

« Comment oses-tu te plaindre quand la vie est si difficile pour d’autres ! Oublierais-tu déjà Estèphe et Véronique ? »

Car M. de Hanteillan connaît à présent le résinier et sa famille et l’humble cabane perdue au milieu des bois !…

Il a vu le foyer noirci où les tisons se consumaient pendant que la tempête secouait la charpente. Il s’est assis sur l’escabeau bas où son fils a dévoré l’écuellée de tourrin et appris l’histoire de Jeanne d’Arc ; il a jeté un regard ému sur l’étroit réduit où l’enfant a dormi si tranquille sous l’œil de Dieu !…

Lui non plus n’a pas osé offrir d’argent à Osmin, mais il facilite ses affaires, lui fait vendre sa résine à des prix avantageux et s’occupe des petits.

Riquet ne monte jamais aux Arroncs sans avoir les mains pleines de souvenirs pour ses jeunes amis…

En somme, son aventure a prouvé une fois de plus la vérité du dicton : « À quelque chose, malheur est bon ! »

Et le vieux M. de Léroudeys, qui vient souvent à Hanteillan raconter ses prouesses de jadis, ne s’est point gêné, l’autre jour, pour le lui dire :

« Devine ce que j’ai rapporté de ma première chasse à Compiègne ? s’est-il écrié en fumant un cigare sur un banc du parc.

— Un cerf-dix-cors ?

— Pas du tout !… une solide courbature !… Tu as été plus habile que moi… Ta première chasse t’a profité au moins !

— Comment cela, monsieur ?

— Tu y as gagné des joues roses et tout un trésor de sagesse… Cela vaut bien un sanglier ! … »

J. de Coulomb.
FIN
JOCK ET SES AMIS
Par A. DECKER, d’après E. HOHLER

XII

On ne travaillera ni pour l’argent, ni pour la gloire, mais pour le plaisir de travailler.


Quand, le lendemain, Jock essaya de se remémorer les événements de la veille, ses souvenirs étaient devenus étrangement confus.

Il revoyait assez bien sa fuite de Beggarmoor, mais sa chute au bord de la grand route, son passage entre les rochers, sa longue