Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/14

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de ce traité ; pour remédier à la seconde, j’ai précisé, autant que la nature des choses le permettait, le langage antique, et dans ce but, il a fallu souvent essayer un diagnostic rétrospectif, qui n’est pas entouré de moindres obscurités que le diagnostic au lit du malade.

« On pourra demander, dit Grimm dans la préface de sa traduction allemande d’Hippocrate, à quoi servent des versions en langue vulgaire, puisqu’on en a tant en latin. Mais qu’on se rappelle que la version latine est rédigée à son tour en une langue morte, qu’ainsi elle est doublement difficile à entendre, et qu’elle n’en reste pas moins une traduction… En effet, elle est souvent plus obscure que l’original même ; chaque nouveau traducteur porte, dans le latin, qu’il ne sait que comme langue morte, ses idiotismes particuliers, de sorte qu’il nous faudrait presque apprendre sa langue maternelle pour comprendre suffisamment son latin. C’est une des raisons pour lesquelles Calvus, Foes et Vander Linden traduisent différemment dans beaucoup de cas où cependant leur texte n’est pas différent. C’est encore pour cela que l’on accuse certains auteurs de l’antiquité de renfermer bien du fatras ; car en se laissant montrer le vieux médecin grec à travers un latin qu’on n’entend qu’à demi, on a à lutter à la fois contre l’obscurité de l’original et de la traduction. »

Grimm a raison : ce n’est pas trop de toute la clarté de nos langues modernes pour faire comprendre un auteur comme Hippocrate. En