Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/15

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général, plus un auteur est ancien, plus il est difficile ; la pensée et l’expression chez les modernes et dans l’antiquité ont de grandes différences ; ces différences qui, à une simple lecture, ne semblent quelquefois que peu tranchées, deviennent visibles dans le travail de la traduction, et l’on est souvent très surpris de voir que tel passage, que Ton juge clair et bien compris tant qu’on ne fait que le lire, devient obscur et embarrassé quand on se met à le traduire. Rendre la clarté à ces morceaux, lumineux pour les anciens, obscurs pour les modernes, est une des difficultés les plus réelles et les moins soupçonnées de toute version d’un livre antique, et mainte traduction, qui a d’ailleurs du mérite, vient échouer contre cet écueil.

J’ai essayé, dans une Introduction[1], de discuter les principales questions que soulève la critique des ouvrages d’Hippocrate ; cette Introduction est devenue un livre, et il ne m’est plus resté, dans le premier volume, qu’un petit nombre de pages disponibles pour recevoir le commencement de l’édition que j’ai entrepris de donner au public. Le lecteur s’étonnera peut-être qu’un travail purement préliminaire occupe tant d’espace ; mais la nature même des choses l’a commandé. En effet, la collection des livres dits hippocratiques est un amas incohérent où il est très difficile de se reconnaître

  1. Cette introduction doit beaucoup aux observations critiques, pleines de goût et de justesse, de mon frère, Barthélémy Littré, qu’une mort prématurée et cruelle vient de m’enlever au moment où je corrigeais ces dernières feuilles.