Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
introduction.

la Collection hippocratique, qu’aient pu avoir les renseignements divers que j’ai énumérés plus haut. Il a été possédé par l’antiquité, et, si nous le possédions, ce serait un trésor d’éclaircissements concernant les livres qui portent le nom d’Hippocrate. Galien ne nous en a conservé que l’indication ; mais cette simple indication mérite d’être examinée avec soin. « Si vous voulez connaître les opinions des anciens médecins, dit Galien[1], vous n’avez qu’à lire les livres de la Collection médicale attribués à Aristote, mais qui sont reconnus pour avoir été composés par Ménon, son disciple ; aussi quelques-uns leur donnent-ils le nom de Livres ménoniens. Il est évident que ce Ménon, ayant recherché avec soin les anciens livres médicaux conservés de son temps, y a puisé les opinions de leurs auteurs : mais il n’a pu consigner, dans son ouvrage, les doctrines renfermées en des livres qui avaient été détruits, ou qui, bien qu’existant encore, n’avaient pas été vus par lui. Vous ne trouverez, dans cet ouvrage de Ménon, aucun médecin qui, de la bile jaune ou de la bile noire, ou du phlegme, fasse l’élément unique du corps humain. Plusieurs médecins, même après Hippocrate, paraissent admettre, comme élément unique en nous, le sang, auquel ils attribuent la première formation de l’embryon, son accroissement dans la matrice, et son développement complet après la naissance ; mais Hippocrate a écrit que quelques-uns pensaient que le corps humain était ou tout bile, ou tout phlegme, et il ne se serait pas exprimé ainsi, s’il n’y en avait pas eu de son temps, ou avant lui, qui eussent émis cette opinion. »

Si ce livre était parvenu jusqu’à nous, ou si Galien l’avait discuté pour établir ce qui, en fait de doctrines, était le

  1. T. v, p. 4, Éd. Basil.