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publication de la collection hippocratique.

vrai de dire que la Collection hippocratique est antérieure à Ptolémée Évergète et à l’arrivée des livres des Navires dans la bibliothèque d’Alexandrie.

Le récit que j’ai transcrit plus haut, nous fournit donc quelques notions sur les plus anciens manuscrits connus du 3e livre des Épidémies. Si l’on met de côté l’édition de Bacchius, on voit que la Bibliothèque royale en avait deux exemplaires. Ce fait est important : en effet, s’il n’y avait eu du 3e livre des Épidémies que l’exemplaire apporté par Mnémon, on pourrait supposer que les six autres livres existaient isolément, et que des arrangeurs postérieurs l’ont intercalé à la place qu’il occupe encore aujourd’hui : mais si, les six autres livres des Épidémies existant déjà, celui que nous appelons le 3e eût été intercalé postérieurement, les commentateurs auraient signalé une circonstance aussi singulière touchant les Épidémies, qui, ne comptant d’abord que six livres, auraient été portées au nombre de sept, et cela par une intercalation entre le 2e et le 4e livre. Ainsi rien de plus certain, par cette raison et par la citation d’Apollonius Biblas, que l’existence des sept livres dans la Bibliothèque avant l’arrivée de l’exemplaire de Mnémon.

Ces détails, curieux en eux-mêmes, je ne les ai pas tant rapportés pour les caractères ajoutés au 3e livre des Épidémies, que pour l’intérêt même de la question que je discute touchant la formation de la Collection hippocratique. Les exemplaires avaient afflué dans la Bibliothèque, mais c’était marchandise mêlée ; tellement qu’on ne les y déposait qu’après un examen, et que des bibliothécaires appelés séparateurs (χωρίζοντες) les révisaient et en donnaient leur opinion. Les livres jugés bons étaient mis à part avec le titre de livres de la petite table[1]. Il est fâcheux que nous ne sachions

  1. Τὰ ἐκ τοῦ μικροῦ πινακιδίου. Gal., t. iii, p. 181, Éd. Basil.