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introduction.

par une série de recherches et de déductions qui vont au but, il est vrai, mais qui y vont d’une manière détournée. Le premier travail à faire est de prendre connaissance de la collection elle-même, et d’examiner quels renseignements on en peut tirer sur les questions qui sont à résoudre. Il faut la feuilleter page par page, et lui demander quel état de la médecine elle représente, quels travaux elle indique, quels noms elle cite, à quels pays elle se rapporte, et quelles traces évidentes elle porte d’une collaboration multiple. L’époque qui sépare le temps où a fleuri Hippocrate, du temps où Érasistrate et Hérophile devinrent à Alexandrie les chefs de la médecine, c’est-à-dire un espace d’environ 130 ans, est une de celles sur laquelle les documents et les livres nous manquent le plus. Les œuvres qui forment la collection hippocratique ont dû être composées dans cet intervalle ; leur examen intrinsèque nous fournira des notions que nous ne pouvons nous procurer par aucune autre voie.

Prouvons avant toute chose que la Collection hippocratique renferme des fragments qui y figurent dès les premiers temps, mais qui, incontestablement, ne sont pas d’Hippocrate. J’en ai deux exemples irrécusables. Le premier est relatif à un passage sur l’anatomie des veines qu’on lit dans le Traité de la nature de l’homme. Ce traité a été cité par tous les commentateurs comme faisant partie de la Collection hippocratique. Le passage en question est textuellement rapporté par Aristote (Histoire des animaux, liv. III, chap. 4) ; et Aristote dit que ce morceau est de Polybe. Or, en ce point, l’autorité d’Aristote prévaut sur toute autre, et manifestement sur celle d’Érotien et de Galien. Polybe, gendre d’Hippocrate, devait être exactement le contemporain de Platon, par conséquent vieux quand Aristote était jeune. Ainsi le témoignage de ce dernier est irrécusable, d’autant plus qu’il était très