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éléments de la critique ancienne.

des traditions, vagues, il est vrai, et incertaines, sur les médecins qui avaient contribué à former cette Collection. On ne peut guère expliquer autrement cette concordance des critiques à donner comme auteurs d’un certain nombre de traités, les fils, ou les petits-fils, ou le gendre d’Hippocrate. Les noms des fils d’Hippocrate et de ses descendants, que Suidas et d’autres rapportent avec l’indication peu précise qu’ils avaient écrit sur la médecine, ont été pris sans doute dans la liste d’Ératosthène. Mais Ératosthène lui-même, ou les tenait de la tradition, ou les avait puisés dans quelque document aujourd’hui détruit. Quant aux renseignements sur la collaboration des fils et des descendants d’Hippocrate, je ne puis les attribuer qu’à des traditions qui s’étaient conservées dans les anciennes écoles médicales antérieures à celles d’Alexandrie et de Pergame ; car on n’en rencontre aucune trace écrite ; un manuscrit latin (n° 7028) que j’ai déjà cité (p. 40), dit que parmi les descendants d’Hippocrate il y eut Thessalus, Dracon, Hippocrate le jeune, desquels les livres n’ont pas été connus (quorum libri non apparuerunt). Cela est très vrai : nulle part les critiques n’appuient leurs dires sur des témoignages, des citations ou des livres de ces hippocratiques ; et toujours ils se bornent à des allégations qu’ils rapportent sous la forme de ouï-dires. Je pense donc qu’il s’agit dans tout cela, non pas de documents écrits, mais de traditions qui s’étaient transmises aux plus anciens commentateurs, et que leurs successeurs avaient enregistrées vaguement telles qu’ils les avaient reçues.

Une remarque fortifie singulièrement cette manière de voir : c’est qu’en effet il se trouve, dans la Collection hippocratique, un morceau qui, ainsi que nous l’a appris Aristote, est véritablement de Polybe, gendre d’Hippocrate ; et cependant les critiques et Galien lui-même, qui attribuent certains écrits à