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travaux modernes sur les livres hippocratiques.

que sur le style et le langage, dit-il dans la préface de la Dissertation où il a prouvé que les épîtres qui portent le nom de Phalaris sont apocryphes, est ordinairement délicate et incertaine, et dépend de notions fugitives. Des hommes très instruits et très sagaces ont commis, dans ce genre de conjectures, des méprises qui allaient jusqu’au ridicule. Le grand Scaliger a publié quelques iambes comme un fragment choisi d’un vieil auteur tragique, et qu’il tenait de Muret ; mais celui-ci bientôt après avoua la plaisanterie, et déclara que ces vers étaient de lui. Boxhornius écrivit un commentaire sur un petit poème intitulé de lite, qu’il attribua à quelque ancien auteur ; mais on ne tarda pas à découvrir qu’il était de Michel L’Hospital, chancelier de France. De sorte que, si je n’avais pas d’autre argument que le style pour montrer la fausseté des lettres de Phalaris, je n’espérerais faire partager ma conviction par personne. »

Sprengel, dans son Apologie d’Hippocrate, a suivi, il le dit lui-même, Gruner presque pas à pas. Cependant il a commencé à introduire dans la critique hippocratique une considération nouvelle : à savoir la considération des doctrines philosophiques ; essayant de contrôler par celles-ci les doctrines médicales des livres hippocratiques, et d’établir entre ces livres un ordre d’antériorité. Cette indication de Sprengel a été, après lui, suivie et développée par un autre critique.

La suite même des auteurs dont je viens d’exposer très sommairement les idées, montre que le champ de la critique hippocratique s’est successivement agrandi. Mais ce genre de recherches est si minutieux, que les erreurs pullulent à côté des meilleures observations ; j’ai relevé, et je rapporte ici quelques-unes de ces erreurs.