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de quelques points de chronologie médicale.

Ainsi voilà quatre faits qui se corroborent mutuellement, et qui prouvent tous que la distinction des artères était connue bien long-temps avant Praxagore, car elle existe dans les livres d’Aristote, dans le traité des Articulations antérieur à Dioclès, dans Diogène d’Apollonie, et dans Euryphon, antérieurs à Hippocrate.

Le fait établi, il est encore quelques conséquences importantes à en tirer. La mention des artères n’est point isolée dans le traité des Articulations, elle se trouve encore : dans le traité des Chairs ou des Principes ; du Cœur ; dans la première partie du prétendu traité de la Nature des os ; dans la dernière partie qui était intitulée, dans les éditions de l’antiquité, des Veines, et qui faisait un appendice du livre des Instruments de réduction ; dans le traité de l’Aliment ; dans le 2e livre des Épidémies ; dans le 4e livre ; enfin dans le 7e. Ainsi, quoi qu’on en dise, cet emploi était fréquent. Il faut maintenant rapporter les principaux passages :

« De la veine cave et de l’artère, dit l’auteur du traité des Chairs, sortent d’autres veines qui se répandent dans tout le corps[1]. » Ainsi voilà des veines qui naissent de l’artère. C’est de cette façon qu’Aristote donne constamment le nom de veine à l’aorte ; et l’auteur du traité des Chairs dit de même : « Deux veines creuses sortent du cœur, appelées l’une artère, l’autre veine cave[2]. » Ce qu’Aristote nomme aorte est ici appelé artère.

Dans le fragment sur les veines, qui termine le prétendu traité de la Nature des os, on lit : « La veine principale qui

  1. Ἀπὸ τῆς κοιλῆς φλεβὸς καὶ ἀπὸ τῆς ἀρτηρίης ἄλλαι φλέβες ἐσχισμέναι εἰσι κατὰ πᾶν τὸ σῶμα. Page 40, Éd. Frob.
  2. Δύο γάρ εἰσι κοῖλαι φλέβες ἀπὸ τῆς καρδίης, τῆ μὲν οὔνομα ἀρτηρίη, τῇ δὲ κοίλη φλέψ. ibid.