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introduction.

dit ressemble beaucoup aux passages qui ont été cités. Il est en outre d’autres auteurs qui ont écrit sur la nature, et qui n’ont pas décrit les veines aussi exactement. Mais tous en ont mis l’origine dans la tête et dans le cerveau[1]. » C’est donc de la manière la plus positive, c’est-à-dire en citant les auteurs qui, avant lui, avaient écrit sur ce sujet, qu’Aristote établit ce que les autres ont pensé et ce qu’il pense lui-même, sur le point d’anatomie en question.

Il résulte clairement de ce qui précède, qu’Aristote a mis l’origine des vaisseaux sanguins dans le cœur, qu’il a regardé cette opinion comme importante, et qu’il a voulu constater qu’elle lui appartenait. Je relèverai seulement une inexactitude : il dit que tous les physiologistes, avant lui, placent dans la tête le commencement des vaisseaux ; or, dans le passage de Diogène d’Apollonie, que lui-même rapporte, le commencement des vaisseaux est placé, moins dans la tête, que dans les grosses veines qui longent le rachis. Cela n’empêche pas que ce point d’histoire anatomique ainsi décidé par Aristote ne fournisse un terme de comparaison très instructif pour plusieurs des écrits hippocratiques. Il devient évident que, là-dessus, les différences d’opinions que l’on remarque dans la Collection hippocratique indiquent des différences de temps et d’auteur : tous les livres où l’origine des vaisseaux sanguins est placée dans le cœur, appartiennent à une époque postérieure à l’enseignement d’Aristote.

La règle de critique que j’établis ici est positive, car elle se fonde sur le témoignage d’Aristote. Au reste, comme rien ne doit être négligé dans de pareilles recherches, je ferai remarquer qu’en réalité la Collection hippocratique porte à son tour témoignage en faveur d’Aristote. Les écrits qui sont

  1. De Hist. anim. Lib. III, c. 2 et 3.