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de quelques points de chronologie médicale.

Il n’est pas un développement, le plus avancé de la médecine contemporaine, qui ne se trouve en embryon dans la médecine antérieure. Les connaissances antiques et les nôtres sont identiques au fond, en tant que composées des mêmes éléments ; ce qui n’était qu’un bourgeon est devenu un robuste rameau ; ce qui était caché sous l’écorce s’est développé à la lumière du jour. En science, comme en tout autre chose, rien n’est qui n’ait été en germe.

Tout prouve que les idées de cercle et de circulation n’ont été ni comprises ni poursuivies par les anciens physiologistes. Ils se sont obstinés à vouloir trouver une origine aux vaisseaux. Plus même l’anatomie est devenue exacte et a reconnu le trajet des veines et des artères et leur rapport avec le cœur, plus ils se sont confirmés dans l’opinion que les vaisseaux devaient avoir un commencement. Il arrive, on le voit, que le progrès même de la science et les découvertes réelles ont pour effet de détruire des idées scientifiques d’une grande valeur. La pensée de la circulation est dans les livres hippocratiques ; on l’y laisse pour poursuivre une théorie qui détourne évidemment les esprits de la recherche de la véritable condition des vaisseaux, du cœur et du sang. D’exemples semblables, qui ne sont pas rares, proviennent ces plaintes, souvent répétées, que la science rétrograde quand des faits de détail nouvellement aperçus brisent d’anciennes conceptions qui ont de la grandeur, et font perdre de vue des doctrines qui, nées d’une sorte d’intuition, et vraies dans le fond, manquent de toute démonstration. Aristote, qui avait beaucoup disséqué, fut conduit à faire partir du cœur les veines, mais en même temps il abandonna l’idée primitive de la constitution circulaire du corps animal. L’anatomie moderne n’admet pas, comme Aristote, que le cœur soit l’origine des vaisseaux sanguins, mais elle admet,