Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
introduction.

que les veines, comme ils disaient ordinairement, battaient, et qu’ils ont examiné quelquefois ces pulsations ; mais elles montrent en même temps que ces observations étaient dans l’enfance ; et il n’y a rien là qui offre l’indice d’une sphygmologie quelque peu étudiée. Galien a parfaitement représenté cet état des connaissances médicales en disant qu’Hippocrate ne paraît pas avoir ignoré l’art de se servir du pouls, mais qu’il ne l’a pas cultivé.

Un seul passage, que je vais citer, doit sans doute faire exception. Il est dit dans le 2e livre des Prorrhétiques : « On se trompe moins en tâtant le ventre et les veines qu’en ne les tâtant pas[1]. » Il est difficile de ne pas voir, dans cet attouchement des veines, une indication de l’habitude de consulter le pouls dans les maladies, et par conséquent de la sphygmologie. Et, chose remarquable, cet argument, qui signale, dans un traité de la Collection, un fait étudié après le temps d’Hippocrate, tombe sur un livre que tous les critiques de l’antiquité se sont accordés unanimement à regarder comme n’étant pas du célèbre médecin de Cos. Le 2e livre des Prorrhétiques est déclaré étranger à Hippocrate par Galien, par Érotien, et, disent-ils, par tous les autres ; ils ne nous ont pas donné les motifs de ce jugement ; il n’en est que plus intéressant de trouver, par une voie indépendante, des motifs qui confirment leur arrêt.

Quelques mots me suffiront maintenant pour achever cette question de la sphygmologie. Hérophile avait écrit un livre sur le Pouls[2], et il contribua beaucoup à développer

  1. Ἔπειτα τῇσι χερσὶ ψαύσαντα τῆς γαστρός τε καὶ τῶν φλεβῶν ἧσσόν ἐστιν ἐξαπατᾶσθαι ἢ μὴ ψαύσαντα. P. 414, Éd. Frob.
  2. Ἐν ἀρχῇ τῆς Περὶ σφυγμῶν πραγματείας. Gal., t. III, p. 50, Éd. Basil.