Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
de quelques points de chronologie médicale.

étonnant que la chose, étant connue, ait reçu un nom, que l’on trouve dans Ctésias et les hippocratiques ; 3o enfin, que Platon assure que ces trois choses, nerfs, ligamens et muscles, sont des organes identiques au fond, quoique dispersés dans le corps et diversement dénommés.

On a là un nouvel exemple de ces confusions de la vieille anatomie : de même que, veine, artère, bronche, uretère même, tout cela a eu le nom commun de veine, sans exclusion d’un nom particulier, de même, nerfs, tendons, muscles, tout cela a été considéré comme de même nature. Ici même se présente un rapprochement tout-à-fait inattendu, c’est que, dans un passage du livre II du Régime, les muscles sont rangés parmi les parties dépourvues de sang. « Parmi les chairs dépourvues de sang, dit l’auteur hippocratique, les plus substantielles sont le cerveau et la moelle ; les plus légères sont les intestins, les muscles, les parties génitales femelles, les pieds[1]. » Le passage seul de Platon m’a expliqué comment l’auteur hippocratique plaçait les muscles parmi les parties dépourvues de sang.

Les anciens physiologistes, ni Hippocrate, ni ses disciples, ni Aristote même, n’ont pu se faire aucune idée complète des fonctions du cerveau, attendu qu’ils ne connaissaient pas les fonctions des nerfs. Les hippocratiques placent, il est vrai, l’intelligence dans la tête ; mais ils n’en savent pas davantage. Aristote, ayant combattu l’opinion de ceux qui pensent que, chez les animaux, le siége de l’intelligence est dans le cerveau[2], met ce siége dans le cœur, et, comme dit Galien[3], ne sait à quoi sert l’encéphale. C’est aux anatomistes

  1. Τῶν δὲ ἀναίμων (σαρκῶν) ἐγκέφαλος καὶ μυελὸς, ἰσχυρότατα· κουφότατα δὲ, τᾲ ὑπογάστρια, μῦες, κτένες, πόδες. P. 94, Éd. Frob.
  2. De Sen. et juv., c. 3.
  3. Tome i, p. 318, Éd. Basil.